Vies Lyriques
Aurore
J’ois des oiseaux la musique
Quand au matin ils bénissent les cieux.
Desportes
Sitôt que le courant de l’aurore ruisselle
Dans son lit sidéral en vagues d’étincelles,
Le lent et blond remous des blés pleins de sommeil
Semble un manteau royal tombé du ciel vermeil ;
Le coquelicot, braise et flamme palpitantes,
Offre aux abeilles le miel chaste de ses tentes ;
Le clair marteau des forgerons dans la gaîté
Tonne ; les lutins rient aux arbres enchantés ;
Les moucherons déploient leurs escarboucles vives,
Les joncs sont des amants qui chantent leurs aveux
Et les abîmes verts se remplissent de grives ;
Tandis qu’au loin, parmi ses limpides cheveux,
Qu’un foyer de lumière immortelle pénètre,
L’ange pensif s’accoude au bord de sa fenêtre…